Depuis l’affaire Mennel, du nom de cette jeune chanteuse de The Voice harcelée par la meute de racistes pour ses vieux tweets, le Printemps Républicain vit des moments difficiles.
C’était censé être une grande victoire: Mennel Ibtissem, après s’être excusée de ses vieux tweets a finalement quitté l’aventure The Voice. Mais ça s’est vite retourné contre le Printemps Républicain qui n’a finalement pas assumé sa victoire. Il faut dire que pousser une jeune fille de 22 ans à quitter une émission de télé-crochet n’avait rien d’une héroïque défense de la laïcité et de la lutte contre le fascisme et l’intégrisme. Le Printemps Républicain a gagné mais personne ne les a suivis et pire encore, le public de The Voice a trouvé que c’était vraiment dommage pour la jeune Mennel qui chantait super bien.
Et ce, sans globalement approuver le contenu tristement antisémite et conspirationniste de tweets postés quelques années auparavant, par une jeune fille qui, à ce moment là, comme des millions d’autres personnes était effectivement influencée par les diverses propagandes fascistes, à ce point banalisées qu’elles sont postées comme on poste des photos de chats. Le problème du Printemps Républicain sur cette affaire n’a pas été un soutien au contenu inacceptable des messages diffusés: mais le fait que les gens ont compris massivement que seul le profil de cette candidate là a été fouillé, qu’on aurait pu sans nul doute trouver des choses similaires sur des dizaines de candidatEs de ce genre d’émissions, mais que seul le voile porté par Mennel Ibtissem avait entraîné cette “enquête” approfondie et cette chasse en meute.
Du coup le PR a rétropédalé à toute vitesse et publié une mise au point disant qu’ils n’avaient jamais souhaité ça et que, comme dans l’affaire Maurras, ils étaient hostiles à la censure. Etrange comparaison: mettre sur le même plan l’éviction d’une jeune candidate d’une émission de divertissement ayant écrit quelques propos ignobles dans l’air du temps, et la réhabilitation par un organisme public d’un des piliers historiques de l’extrême-droite française, c’est surprenant.
Après ce communiqué, la meute du Printemps Républicain se lance sur David Perrotin qui, dans Buzzfeed avait osé dire que le PR était responsable. Puis contre Samuel Laurent qui a osé dire que David Perrotin n’avait pas tort. L’affaire s’arrêtera là: dans un sursaut de lucidité, certains des animateurs du Printemps Républicain ont du comprendre que commencer par dézinguer une jeune chanteuse arabe pour fait de complotisme pour finir par harceler le responsable des décodeurs, cible de tous les conspirationnistes pour son travail de décryptage, c’était le game over.
Plusieurs articles de presse s’intéressent alors au Printemps Républicain (celui du journal le Monde ,notamment qui “oublie” de mentionner le harcèlement de leur journaliste mais aussi Nouvel Obs ou même l’Humanité) et laissent entendre qu’en dehors des polémiques twitter (c’est à dire à part lancer une meute de contributeurs sur telle ou telle cible) le PR n’a pas accompli grand chose.
Pourtant si l’on s’intéresse à tous ces profils qui soutiennent le Printemps Républicain, on trouve vite de nombreuses perles, un soutien au régime antisémite d’Assad ici, un délire sur l’influence financière de Soros par là.
Pour se protéger le PR assure qu’il n’a aucune influence sur la meute qu’il lance ici ou là et qu’il n’est nullement responsable des sympathisants zélés qui, à titre individuel décident de harceler les cibles désignées par les chefs.
Denis Maillard, un des fondateurs, s’est fendu d’une note Facebook qui tente de poser les limites du Printemps Républicain en revenant aux origines du mouvement. Cette note a été reprise et assumée par la plupart des membres fondateurs et aussi par le compte officiel du printemps republicain. Nous allons donc partir de là pour faire un incroyable voyage politique aux sources du PR.
Gepostet von Denis Maillard am Sonntag, 18. Februar 2018
Au commencement était la gauche populaire
« [Les] fondateurs [du printemps républicain] étaient tous issus de la gauche et, pour la plupart d’entre nous, du collectif Gauche populaire (GP) que nous avions fondé avec Laurent [Bouvet], Philippe Guibert, Gaël Brustier et quelques autres en 2010-2011 » nous dit Denis Maillard, qui tient vraiment à recentrer sur la Gauche Populaire en précisant que les proches de Manuel Valls ne sont arrivés qu’après.
« Car c’est bien un mouvement politique venant occuper l’espace vide du républicanisme de gauche qui est né et qui grandit depuis 2016. Il est à mon sens l’héritier direct et digne de la GP (et ne peut être réduit à du positionnement politique au profit de Manuel Valls ou de je ne sais quels héritiers de Jean-Pierre Chevènement) »
Denis Maillard tient surtout à revenir aux origines : à 2011
« Car enfin, que disions-nous dès 2011 ? Nous affirmions de façon collective que la gauche ne pouvait être majoritaire que si elle renouait avec le peuple et prenait au sérieux les trois insécurités qui pesaient sur les catégories populaires (insécurité physique, insécurité économique et sociale et insécurité culturelle) (…) qu’enfin elle ne devait pas perdre de vue la patrie et la République, c’est-à-dire ce qui fait le commun français et le seul bien des gens de peu, au profit d’une vision libérale et multiculturaliste de la société. »
Au delà des gesticulations médiatiques, le courant qu’évoque Denis Malliard, de la Gauche Populaire au Printemps Républicain n’est pas qu’une coquille vide. Il y a une réelle idée derrière, une idée simple mais prometteuse : ramener les idées d’extrême droite dans la social-démocratie.
C’est ce qui donne au printemps républicain cet aspect aussi étrange. Lorsque la FI entreprend de ramener les idées d’extrême droite à l’extrême gauche ça apparaît compréhensible: la gauche radicale a parfois une relation assez ambiguë avec certaines idées d’extrême droite et l’anti-gauchisme primaire qui dit que les extrêmes se rejoignent peut surfer sur la vague et poser ce phénomène comme naturel. En revanche un courant qui ramène les idées d’extrême droite au sein de la social-démocratie manque de cadre interprétatif pour saisir de quoi il s’agit.
L’idée du Printemps Républicain et de la Gauche Populaire est que les classes populaires sont devenues d’extrême droite et que pour les reconquérir il faut que le PS s’adapte. En langage Gauche Populaire ça se dit “ne pas délaisser le social au profit du sociétal” Exit le mariage pour tous, on est pour, bien sûr mais c’est du « sociétal » qui plaît aux bobos, ce qu’il faut c’est de la Nation, de l’identitaire (contre “l’insécurité culturelle” provoquée par le multiculturalisme) de la lutte contre l’immigré qui vient voler le travail des français (contre “l’insécurité économique”) et du sécuritaire dans les banlieues (contre “l’insécurité physique”).
En 2015 le petit groupe à l’origine du futur Printemps Républicain est dépité. Ils n’ont pas réussi à donner au quinquennat de Hollande l’orientation d’extrême droite qu’ils espéraient. Pire, ils se sont fait récupérer leur « Gauche Populaire » par une poignée d’élus PS qui en ont fait un machin d’élus PS qui ne sert à rien. Les attentats de Charlie vont leur donner un nouveau souffle. . Ils lancent alors une tribune dans Marianne : le groupe contrefort
Collectif contrefort
Le collectif contrefort est le printemps républicain avant l’heure qui exprime son traumatisme (et son analyse) après les attentats. On retrouve, entre autre :
- Déjà le rejet de « l’excuse sociologique » (appelé « sociologisme de bazar »)
- Une forme de « vos guerres nos morts » avec cette formule « Si l’on doit désigner une « culpabilité » dans cette « production monstrueuse », c’est celle de la politique occidentale en Irak et en Syrie, à commencer par l’intervention catastrophique en Irak en 2003, dont « Daech » est la conséquence, intervention à laquelle la France s’est opposée.»
- Tout au long du texte un retournement bien connu qui fait des dénonciateurs du racisme les responsables de la montée du racisme. On retrouve ça beaucoup avec l’antisémitisme « c’est vous qui êtes antisémite à relever l’origine juive des gens pour dire qu’ils sont victimes d’antisémitisme » ou encore le très classique « si y’a de l’antisémitisme c’est la faute d’Israel en Palestine ». Ici on a la version islamophobe : « Répéter que « l’islam n’a rien à voir » avec ces tragédies, c’est au mieux un peu court… C’est surtout prendre le risque que l’interdiction morale du fameux « amalgame » ne se retourne en un amalgame violent, devant l’évidence de certaines relations, fussent-elles pathologiques.»
Les signataires : les futurs fondateurs du Printemps Républicain et… Coralie Delaume.
Coralie Delaume
Coralie Delaume c’est le souverainisme avec un grand S (Etienne Chouard likes this). On la retrouve chez Causeur et chez Marianne. (L’alliance de Marianne et de Causeur est le coeur au moment de la fondation du Printemps Républicain à la Belleviloise). On la retrouve aussi sur le site rouge brun Arrêt sur Info, chroniqueuse chez Ring (la maison d’édition de tout un tas de réacs raciste, Pierre André Taguieff ou Philippe Muray jusqu’au dessinateur fasciste Marsault). On retrouve aussi Coralie Delaume en conférence aux côtés de Berruyer et de Sapir au CRE, Critique de la Raison Européenne, un think tank réunissant des anti-européens de gauche, de droite et d’extrême droite jusqu’à Zemmour, extrêmement proche de Sapir et… proche de tous les fondateurs du printemps républicain anciens de la gauche populaire.
En 2012, après son année chez Ring, Coralie Delaume fait des chroniques dans Causeur. Elle s’enthousiasme pour les « penseurs » de la gauche populaire qu’elle cite dans nombre de ses chroniques.
Ainsi celle ci par exemple où elle salue “l’analyse lucide” de Pierre-André Taguieff sur le populisme en rappelant l’ouvrage de Gael Brustier et Jean-Philippe Huelin et leur concept de “prolophobie” et se lamentant avec Laurent Bouvet sur “la gauche, représentante historique des couches populaires mais désormais convertie au multiculturalisme, qui s’est confectionné un véritable « peuple de substitution » composé des mille et une minorités imaginables, des jeunes aux immigrés en passant par les femmes”
Dans cet autre article où Coralie Delaume félicite Bayrou de ne pas se rendre au diner du CRIF, Coralie Delaume trouve le moyen de citer Julien Landfried, pourfendeur du communautarisme et du CRIF.
Landfried et Bouvet, la paire identitaire
C’est important de citer Julien Landfreid car il est assez iconique et qu’il permet pleins de passerelles avec des vrais néo-Nazis. Coralie Delaume cite Landfried dans ce passage fantastique:
Dans un petit ouvrage clair et intelligent, Julien Landfried [Julien Landfried, Contre le communautarisme, Armand Colin, 2007] explique comment le CRIF est devenu le champion de France des « entreprises communautaires », ces officines qui s’autoproclament représentatives d’une « communauté », volontiers essentialisée et ainsi prise en otage. Cela permet aux leaders de ces PME identitaires d’avoir accès aux radios, télés, journaux, ainsi qu’aux subventions publiques.
Landfried est en fait fondamental dans ce marasme de pensée confusionniste. Son ouvrage « Contre le communautarisme » sort en 2007 et Soral himself jure ses grands dieux que Landfried lui a pris toutes ses idées. A la même époque Laurent Bouvet sortait son ouvrage « communautarisme Mythes ou réalités » et les deux auteurs Bouvet et Landfried réfléchissaient ensemble au communautarisme qui nuit à la société, sur France Culture par exemple.
Un an plus tard Landfried se retrouvait « par hasard » chez Serge Ayoub ce qui lui sera sensiblement reproché en 2012 lorsqu’il se présente aux élections sous bannière Chevenementiste. Bouvet, cet ami fidèle, soutient malgré tout Landfried sans que cela ne pose aucun problème.
L’année 2012 est aussi celle du lancement de la Gauche Populaire, et c’est encore Coralie Delaume qui explique le mieux ce lancement dans Causeur
« Aussi cherchent-ils désormais à « remettre la gauche d’aplomb, une gauche populaire devant adopter une ligne politique claire: le commun plutôt que les identités, le social avant le sociétal, l’émancipation collective plus que l’extension infinie des droits individuels ». In fine, il s’agit bien évidemment de ramener dans le giron de la gauche un électorat populaire trop facilement abandonné au Front National, quand il n’est pas tout simplement condamné à l’abstention. »
L’alliance hétéroclite de Laurent Bouvet, Gael Brustier, Christophe Guilluy (qui n’a jamais cessé d’oeuvrer pour la cause), et de quelques autres a donc décidé que l’électorat populaire était naturellement Front National et que pour le ramener au PS il fallait adopter les idées et le discours du Front National.
C’est à ce moment qu’on invente l’idée d’abandonner les thèmes « sociétaux » pour revenir au « social ». Un peu de redistribution pour plus de pouvoir d’achat, un peu d’écologie pour faire vert mais surtout, surtout arrêter le « sociétal », le mariage gay, les libertés individuelles et tous ces trucs de bobos qui éloignent le PS de sa base electorale : le prolo qui vote FN.
Le fondement même de la Gauche Populaire c’est d’importer les idées d’extrême droite dans la social démocratie. Le collectif est issu de la Fondation Jean Jaures (et revendique de lutter contre les méchants bobos multiculturels de Terra Nova), ce qui explique pourquoi Coralie Delaume continue de citer cette fondation dans sa dernière tribune souverainiste.
A l’époque l’idée cartonne. C’est le renouveau de la gauche selon Aude Lancelin (qui par ailleurs est persuadée que Philippe Muray est de gauche et qui n’a jamais caché son amour Michéa) et qui multiplie les interviews avec Bouvet ce nouveau héro du renouveau des idées.
La Gauche Populaire, pour son lancement, ouvre donc un blog où l’on retrouve comme blog amis, Marcel Gauchet, L’arêne Nue de Coralie Delaume, Laurent Bouvet, le Manifeste pour un Débat sur le Libre Echange (rassemblement de souverainistes Rouges-Bruns dont Landfried ou David Cayla avec qui Coralie Delaume écrira plus tard un livre ) et Benjamin Sire (Wulyiu).
Or Benjamin Sire, qui est aujourd’hui administrateur du compte Printemps Républicain était à l’époque un des animateurs de la Gauche Populaire et… redac chef de Ragemag.
L’aventure Ragemag
Ragemag, pour ceux qui l’ont vu en passant et sans y accorder tellement d’attention, apparaît comme un webzine décalé, un peu osé, tendance « on s’en fout des codes, on ose tout ».
Pour ceux qui s’y sont intéressés, Ragemag fut la quintessence du webzine michéiste, le premier du genre. Il n’aura duré que quelques mois, finissant par sombrer sous les assauts de la bienpensance après avoir explosé toutes les limites de la décence, sexiste, raciste, islamophobe et antisémite.
Le coup de grâce est finalement obtenu de longue lutte après la publication de ces mots sur un blog de Ragemag « si elle est pas contente je lui met 1 bourpif ou 2, elle commence à nous faire chier avec ses jérémiades de merde ». Relevé par @ragemag_reac qui faisait le travail de veille des horreurs publiées par Ragemag, les horribles féministes avaient fini par faire fermer le site après de piteuses excuses de la part de Benjamin Sire, qui plaide l’erreur de jeunesse : « Le dénominateur commun à chacun était une critique acerbe du néo-libéralisme et d’une certaine forme de bien-pensance oubliant parfois que certains combats étaient le fondement des avancées incontestables qui ont marqué les dernières décennies »
En clair Ragemag réunissait des souverainistes, des soraliens, de l’UPR, faisait les interview d’Alain de Benoist ou d’Etienne Chouard. Entre autres saloperies; on y trouvait un incroyable soutien à Dieudonné intitulé « Dieu est une goudou séropo qui porte l’étoile jaune ».
On y trouvait même, selon le blog Rebellyon (voir la note n°3), des éloges de Maurras ou des liens vers Bagatelles pour un massacre.
Jean-Claude Michéa lui-même y était auteur, Laurent Bouvet y donnait des interview et faisait l’éloge sur Twitter, Jérome Olivier Delb autre fondateur du PR lui tressait des lauriers « pourquoi j’aime Ragemag ! Michéa écrit dedans c’est la classe et on y trouve des interview de Gael Brustier et Laurent Bouvet » et Bassem Asseh, autre fondateur du PR y publiait des articles complotistes pro-Assad, dès 2013 à l’époque où le pro-Assadisme n’était pas du tout à la mode.
Coralie Delaume y était bien entendu auteur ainsi que Jacques Sapir.
Depuis que Ragemag s’est terminé personne n’a pu refaire un aussi beau modèle de confusion michéiste. Le meilleur héritier est sans doute le site « Le Comptoir », fondé par Kévin-Boucaud Victoire, lui aussi ancien de Ragemag désormais journaliste à Le Média et pour PolonyTV. Le Comptoir (sur lequel Arianne Chemin a fait un très bon article dans le Monde) reprend de nombreux anciens de Ragemag mais surtout la ligne éditoriale michéiste et l’attrait pour les soraliens. Laurent Bouvet était fort apprécié du Comptoir jusqu’à la fondation du Printemps Républicain. L’autre héritier spirituel c’est le site souverainiste Le Vent Se Lève (qui a intégré Coralie Delaume comme chroniqueuse). On retrouve aussi sur ces deux sites, Nicolas Lebourg, chercheur sur l’extrême-droite et le fascisme, qui donne des interviews aussi bien au Comptoir qu’à Le Vent se Lève, et également ancien compagnon de route de la Gauche Populaire.
Cette grande machine à laver rouge-brune que fut Ragemag est donc indispensable pour comprendre certains liens transcourants qui apparaissent incompréhensibles à priori.
C’est comme cela qu’on peut comprendre l’amour de certains des fondateurs pour Chevenement, pour Todd, pour Sapir.
Ca explique pourquoi Benjamin Sire en 2013 était fan de Ruffin et de Fakir et surtout de son texte le plus confusionniste sur « l’air du Soupçon »
Ca explique pourquoi Françoise Laborde nous ressert les plus grands propagandistes d’Assad ou pourquoi Jerome Olibier Delb est fan du blog « les-crises » de Berruyer
Ca explique pourquoi au Printemps Républicain on trouve qu’on en fait un peu trop contre les belles lettres antisémites françaises
On va quand même pas se brouiller
Le texte de repositionnement de Denis Maillard, pourtant, tentait de rompre avec la position souverainiste. Une prise de position assez molle dont on ne comprenait pas vraiment ce que ça voulait dire, après un charabia tentant de concilier l’amour de la Nation et un semblant de respect de l’UE, Denis Maillard évoquait « C’est ce qui nous éloigne alors des souverainistes qui avaient fait un bout de chemin avec la GP ».
Mais Coralie Delaume s’est sentie blessée dans les commentaires et immédiatement Bassem Asseh et Denis Maillard se sont précipités pour lui assurer que les amis souverainistes n’étaient nullement visés par ce passage et la rassurent en ajoutant cette phrase limpide que « Je crois Coralie, que tu surinterprètes ».
Le Printemps Républicain reste donc fidèle à ses origines, à ses amis et à son ambition de toujours : mettre un vernis social-démocrate sur un corpus d’extrême-droite qu’il n’a pas inventé mais qui l’imprègne dans son ensemble, même sur les sujets contre lesquels il prétend lutter, à commencer par l’antisémitisme, le conspirationnisme et l’anti-féminisme.
Et c’est en cela qu’un retour aux origines du mouvement illustre parfaitement l’imposture et l’ignominie profonde de certaines postures: que l’on parle des prises de position inacceptables d’une jeune candidate d’émission de divertissement, même si ces positions datent de quelques années, pourquoi pas ? La contamination idéologique conspirationniste, antisémite ou islamophobe est un fait politique majeur de ces dernières années, une catastrophe à ne pas négliger, dans son ampleur comme dans ses conséquences.
Mais la focalisation raciste et islamophobe sur Mennel Ibtissem se révèle dans le parcours même de ses accusateurs, dans leur cheminement idéologique, dans leurs compagnonnages, dans leurs prises de position de militants réfléchis et convaincus: leur contribution volontaire aux idéologies de la haine, et le poids de ce travail politique est évidemment sans commune mesure avec les errements de millions de jeunes qui ont grandi et forgé leur regard social dans une ambiance mortifère que les chasseurs de femmes voilées ont largement contribué à créer.